Retour aux pinceaux
Retour aux sources, retour aux pinceaux. Cela faisait longtemps.
Je n'ai pas fait de photo de ma commode avant sa renaissance, mais vous avez sa petite soeur ici. Ne vous méprenez pas : il ne s'agit pas de marqueterie mais d'un vilain placage de mauvaise qualité, si fin que le moindre coup de pinceau fait gondoler le tout. Les ferronneries sont en laiton de mauvaise qualité, très mou et cassant.
Lorsque je suis revenue à la maison avec elle, j'ai dans le meilleur des cas suscité un laconique "elle est bizarre". Oui, justement, c'est ce qui m'a attirée. Ses rondeurs généreuses, son élégance de danseuse à la voir ainsi dressée sur la pointe des pieds...
Le travail de préparation a été long et fastidieux, la surface étant très lisse et fragile. La teinte d'origine oscillait entre le brun et le noir, il a fallu plusieurs couches pour couvrir la teinte d'origine.
Je n'ai pas pu ôter toutes les ornementations en laiton, et cassé celles que j'ai démontées... Il me reste quelques soirées à passer à gratter minutieusement les ornementations qui ont reçu de la peinture. Pour la prochaine je vais tenter de me servir de drawing gum (gomme liquide) chère aux aquarellistes. Non sans un essai préalable.
Je ne jouerai pas les fines bouches plus longtemps : je vous le dis, je suis RAVIE du résultat.
Les tiroirs sont été peints sur les côtés. Pour le fond, je suis allée piocher dans ma collection de papiers peints (on en fait de si beaux maintenant...) mais comme je n'ai que des échantillons, j'ai choisi deux motifs différents, en harmonie avec le meuble. Cela change du tissu que je mets habituellement, et ça donne un petite touche d'humour à l'ensemble.
Et le plateau alors ? A l'origine il s'agissait d'un marbre jaune. Pas vilain en soi, mais recouvert d'une sorte de vernis, et absolument pas dans les teintes que je souhaitais. J'ai tenté de le vendre, en vain. Et puis que faire ensuite ? Faire tailler une planche ? Mais comment restituer les courbes du plateau original ?
Alors je l'ai peint. Oui, vous avez bien lu. Après une sous couche de préparation pour surfaces lisses, j'ai appliqué deux couches de peinture, j'ai verni et j'ai ciré. Je ne garantis pas l'éternité de ce traitement, mais il s'agit d'un meuble de décoration, pas de raison donc d'imaginer un usage intensif. Pour quelques coups de pinceau, j'ai résolu mon problème.
Les ornementations en laiton ternies ont été réveillées par un vigoureux brossage à la paille de fer. On retrouve de discrets éclats de lumière qui vont bien avec la lumière artificielle du soir.
Après une application de cire liquide au pinceau, puis de la cire solide, j'ai remis en place les poignées. La patine viendra doucement, au fil des lustrages nécessaires, et effacera l'impression du meuble trop récent.
A la lumière artificielle ce n'est pas mal non plus. Je dois trouver une lampe plus haute pour un meilleur équilibre des proportions.
Les ravissants cadres offerts par ma fille, avec les photos de mes grands n'attendaient que ce meuble. Comment et pourquoi a-t-elle choisi ces cadres... Je sais qu'elle sourira en lisant ces lignes, mais parfois il n'est pas nécessaire de trouver une explication rationnelle.
Ce meuble répond avec grâce à l'armoire que j'ai faite dans le même style l'été dernier. Ces meubles d'origine disparate trouvent finalement une harmonie et des points communs.
Il remplace la console/meuble de drapier qui se trouvait à sa place, et qui s'intègre parfaitement à l'atelier...
Je peux y ranger mes boîtes et mes magazines, sa faible profondeur dégage du passage et tout est bien qui finit bien...
La seule question qui vaille est : pourquoi ai-je attendu un an avant de me lancer ?
Je retourne la couver du regard...
Bon dimanche à vous.
Senami