Le fauteuil qui ne voulait pas veillir seul. épisode 2
Voilà mon vénérable fauteuil mis à nu ou presque. L'assise est en parfait état, a été refaite par un professionnel, et je crains de la démonter.
Il aura fallu bien des soirées, des moments épars de-ci de-là pour poncer soigneusement, méticuleusement le bois de ce fauteuil : à en avoir les mains abîmées pendant plusieurs jours. Au fil du travail les restaurations précédentes se font jour, et on aperçoit des "rustines" mises soigneusement en place par un ébéniste scrupuleux. Bien sûr, ces réparations passaient inaperçues avec la teinture noire, mais le bois mis à nu, elles sont forcément plus visibles.
Pourtant, moi je les aime bien ces cicatrices du temps passé. Vestiges de quels événements ? Mystère.
Les multiples sculptures du bois sont difficiles à atteindre. Il faut ruser, râler, souffrir et se contorsionner pour aller chercher le petit détail que personne ne remarquera.
La satisfaction est grande cependant de voir apparaître doucement la teinte d'origine de ce bois exotique et la différence est flagrante sur cette photo : l'accoudoir au premier plan est dans sa teinture noire, celui qui est au second plan a déjà retrouvé une jolie couleur chaude et rouge.
Qu'elles sont donc jolies ces volutes... et si difficiles à poncer ! Là pour le coup je rêve d'un de ces outils électriques qui vont partout et facilitent sans doute le travail. Vous les utilisez, vous ?
Je craignais de mauvaises surprises au fil de mon travail d'archéologie mais non : le bois est sain. Une certitude cependant : il a été entretenu, réparé avec soin, et les traces des tapisseries antérieures attestent que ce fauteuil est effectivement très ancien. J'ai récupéré autant de clous que je le pouvais pour les réutiliser avec le tissu neuf. Tant qu'à faire du bon travail, autant aller jusqu'au bout.
Mais au fait, je remarque que les clous de l'époque sont nettement plus petits que ceux vendus actuellement. Ils sont très irréguliers aussi. On fabrique ça comment, les clous ?
Le travail de ponçage achevé au bout de plusieurs jours de labeur acharné, je dois le nourrir un peu. Ce n'est qu'une première étape dans la patine finale mais le bois a besoin de soin. Un pinceau doux, de la cire liquide et un chiffon... et c'est parti.
C'est magique : sous le pinceau, le bois soudain passe du blond-roux terne à un acajou flamboyant et riche, chaud et si doux à regarder.
Ce dernier cliché est parlant : la différence est incroyable. Je vous promets qu'il n'y a aucun pigment dans la cire liquide !
Au fil des heures pourtant cette lumière fantastique va s'estomber. Le bois absorbe la cire et s'assombrit, sans retrouver cette teinte d'automne.
Laissons cela de côté. La patine, on verra ça plus tard. Cette fois je ne peindrai pas ce bois : il est bien trop beau. Je vais donc travailler avec une patine à la cire.
L'étape suivante consistera à ...
.... suite au prochain numéro.
Senami