plateau ours
Dernière ligne droite avant le Marché de Noël de Giverny (27) où je serai heureuse de vous voir "pour de vrai"... la tension monte, je ne suis pas une spécialiste du genre.
La pression monte, donc, les pinceaux s'agitent... voici mon nouveau plateau.
En Oursonnie du Nord, les appareils photos sont interdits. Un édit qui date je crois d'il y a une bonne décennie, il faudra que je cherche dans mes archives. Les photos sont interdites, donc, pour lutter contre une maladie qui menaçait d'affecter la population entière et particulièrement les plus jeunes : l'Imagerinite aigüe. Une affection particulièrement virulente, qui rend le patient hautement dépendant aux images artificielles, au point de lui en faire perdre le goût du miel et des baies sauvages. L'ours atteint prend du poids, devient asocial, vit la nuit au détriment du jour et supporte difficilement ses congénères. Il faut un long travail pour pouvoir sortir l'ours atteint de ce trou noir. C'est pourtant un ours assez connu en Oursonnie du Nord qui a introduit le virus, un adulte de belle taille et aux moustaches avantageuses (ce qui lui a valu le surnon de Face de Bouc) qui serait responsable de l'hécatombe.
Depuis lors, interdiction de recourir aux clichés photographiques. Il faut donc en revenir aux pratiques d'autrefois, en d'autres termes les bons offices d'un peintre qui vous fasse le portrait.
Cette demande m'a été présentée il y a peu par la famille de ces deux oursons, lorsque le petit dernier est arrivé à la grotte. Pour immortaliser ces fragiles années où ils découvrent le monde alentour, les parents m'ont demandé de les peindre.
Je peux vous assurer qu'obtenir de ces deux chenapans pleins de vie, nourris de plein air, de jeux de société et d'histoire à raconter au coin du feu, qu'ils s'arrêtent un instant et prennent la pose ne fut pas une mince affaire. Tout y est passé : mon pot de miel de 1 kg, les histoires que je racontais à mes enfants (tu te souviens, ma Grenouille, "dans la petite rue des Prunes ?) et mes supplications. Finalement, j'y suis parvenue. N'étant pas encore labellisée peintre officielle (ben je suis autodidacte, moi...), je n'ai pas encore beaucoup de pratique mais je crois être parvenue à un résultat honorable, et en tous les cas ressemblant.
Ces deux garnements turbulents sont en train de retourner l'étage au moment où je vous écris. Leurs cavalcades et les feulements de rage des chats de la maison qui n'apprécient pas le traitement font un bruit certain, dont je devrais être délivrée bientôt. Les parents viennent les chercher incessamment sous peu.
Le support choisi est un plateau d'assez belle dimension puisque comme on le voit sur ce cliché, on peut y mettre de quoi prendre son petit-déjeuner ou tout autre repas. Ici j'y ai placé une tasse et un pot à lait (le pot de miel n'existe plus).
La teinte de fond est moins bleue que sur ces photos : elle tire sur le gris ardoise, qui trouve son contrepoint dans le jaune ocre qui souligne les bords du plateau, et est assorti à la fourrrure de la petite oursonne. Le tout est protégé par plusieurs couches de vernis, appliquées sur quelques jours.
Allez, c'est fini pour aujourd'hui. Je vais tenter de ramener la paix entre les ours et les chats mais ce n'est pas gagné : Figaro est affublé d'une robe de poupée rose, trouvée je ne sais où, semble furieux, les oreilles en berne et la queue agitée.
De toutes les façons on frappe à la porte. M et Mme Ours sont là, je vais leur présenter mon travail ... et leur rendre leur turbulente progéniture.
Bonne fin de semaine.
Senami